Test Bayonetta 3, une sorcière dans un jeu de quilles (2024)

Le jeu vidéo n'en finit pas de devenir un refuge, et la saga Bayonetta a toujours eu une valeur transparente : divertir. La plus camp des sorcières est au coeur d'un grand-n'importe quoi très carré, où les combos pleuvent et les boss, de la taille des Yvelines et dotés de cinq barres de vie, veulent vous gniaker les jambes (elles-même de la taille des Hauts-de-Seine).

Bayo, héritière spirituelle de Devil May Cry, partage son papa Hideki Kamiya, dont l'unique fonction extradiégétique est d'annoncer fièrement à des gens qu'il va les bloquer sur Twitter. Bayo, ses lunettes, son gameplay nerveux, son scénario improbable, et un testeur qui prend le train en marche où tout le monde semble s'accorder pour dire que c'est un petit peu moins bien. Essayons.

Avant de tomber sous l'escarcelle de Nintendo, Bayonetta a été une révélation du début des new tens, il y a déjà deux générations - le premier tient désormais du rétrograming. Le deux est aussi un artéfact du passé, en quoi il, souvenez-vous, tournait sur Wii U. Et huit ans plus tard, pour sa troisième aventure et coupe de cheveux, le titre est auréolé d'un scandale qui, au moins, aura aidé à la transparence des payes dans le milieu du doublage des jeux vidéo.

Dans un monde où Jason Schreier existe, la doubleuse historique aurait menti par omission sur le menu deal qui lui aurait été proposé pour rempiler. Nous tombons tous dans un storytelling (comment ne pas croire une artiste qui met sa carrière en jeu sur Twitter, articulé à l'attitude pénible et désinvolte de Kamiya sur le même réseau ?) et, quelques jours plus tard, la suite des évènements prend une dimension moins reluisante encore.

Prend garde à ton derrière

Mais nous sommes ici pour parler du jeu, qui a un légèrement déçu les fans et inconditionnels. Pas besoin d'être un exégète de la saga pour comprendre en quoi le 3 se dégage du reste, et quels sont les ajouts critiqués. Le problème vient davantage d'une notion différente de la rythmique et du scénario, sibyllin - Bayonetta est une vaste chaos où sorcières, démons, chasseurs et personnages-fonctions s'entrechoquent.

Au début du 3, Bayo profite du bon temps à New-York et fait les courses avec son péon mafieux, quand elle se retrouve quelques minutes plus tard à combattre des entités maléfiques en ridant un paquebot, car telle est la vie de Bayo. Cette nouvelle aventure la mènera aux confins d'un multivers - pas un concept particulièrement apprécié ou aimable, mais propice à des séquences improbables, d'un Tokyo dévasté à une reproduction parfois étonnante de Paris. Cette dernière culmine dans une séquence "Éric Serra" qui me hante, et je ne sais pas encore si c'est une bonne chose.

Dans chaque node de ce scénario fort léger, subsiste le combat contre des hom*onculus qui envahissent l'univers, et pourchassent Viola, un autre personnage aux origines volontairement troubles.

Test Bayonetta 3, une sorcière dans un jeu de quilles (1)

Je le découvre, dans cette saga, un habile mélange entre posture et gameplay s'opère - typique d'autres jeux japonais, même dans des genres sans rapport à la Persona, où le coeur de l'expérience gameplay est fragmenté et noyé sous une tonne de séquences dirigées et de couches esthétiques. Mais ici, quand on a enfin l'opportunité de prendre sa manette en mains, on ne combat pas dans le Mémentos, mais des démons, avec style et un nombre édifiants de flingues.

Le jeu est permissif et propose à tout type de joueur de s'y épanouir.

Même un béotien (du moment qu'il ne touche pas son tout premier jeu vidéo d'action) peut rentrer dans le rythme et se débrouiller dans les phases de combat, à la difficulté heureusem*nt modulable. Le jeu récompense le gameplay agressif, mais élégant - l'essentiel est de tenir un combo, de le maintenir par tous les moyens, puis de risquer de se faire toucher et de claquer la plus gracieuse des esquives au dernier moment. Coups de poing, coups de pied, maintenir la pression avec des coups de pompes-flingues, répêter jusqu'à épuisem*nt où qu'un affreux vous fonce dessus; d'où l'intérêt d'une esquive. Plus cette dernière est serrée, plus le fameux witch time qui ralentit le temps et sauve les miches sera prolongé, vous permettant de renverser la vapeur, ou au contraire d'assoir votre domination sur les vilains.

Heureusem*nt, le jeu est permissif et propose à tout type de joueur de s'y épanouir. Très incitatif pour bosser et réviser un style de jeu technique, permettant de travailler les combos jusque dans les temps de chargements, les bourrins et matraqueurs de touche au hasard y trouveront aussi leur compte - le jeu y révêlera certainement un plaisir de jeu moindre, davantage concentré sur le divertissem*nt pur.

Dans tous les cas, le titre y met (une forme de) moyens. Même à grande vitesse, chaque coup donne l'impression d'avoir une importance, le recul est là, l'ensemble sonne juste avec le joueur qui peut interpréter le comportement à avoir, et la technique tient la route - on se retrouve sous peu pour Pokémon et le constat ne sera pas le même. Ok, c'est la Switch, et les graphismes sont ronflants et jamais très loin d'une PS3, mais pour un genre où c'est d'une grande importance, l'action reste fluide, et c'est le principal. Il faut juste mettre ses lunettes d'opéra et distinguer son personnage dans une débauche d'effets visuels - là où la pression automatique s'arrête et où le skill commence est une frontière parfois mince.

L'ennemi du bien

Une boucle de gameplay un peu déconcertante au début, mais Bayonetta est un jeu qui mise sur la rejouabilité - on vous bombarde de médailles (on sent que l'histoire de Sega de noter le joueur passe par là) et on se dit qu'on fera bien mieux à la prochaine run, ce qui sera le cas. Bayonetta est une discipline, une danse des sabres, des jambes et des flingues, où les comportements à adopter se comprennent intuitivement.

Les nouveaux venus (votre serviteur) seront un peu plus perdus, tant l'expérience est morcellée et cachée sous des saynètes cinématiques et des poches de gameplays autres, divertissantes en diable mais automatiques - au mieux, ce sont des brawlers improbables ou une séquence 100% hors-sujet qu'on se gardera de révêler, au pire de la mauvaise plate-forme. Cette mentalité de ruptures revient pour les finish de combats, où l'on bascule vers du matraquage de bouton et autre lapalissades de gameplay. On l'a compris, le jeu donne tout, est fantasque, et veut divertir, mais sa tendance à le souligner et le surligner est parfois contre-productive sur son coeur.

Test Bayonetta 3, une sorcière dans un jeu de quilles (2)

Et pour tracer les contours des nouveautés inhérentes à l'épisode, il n'est pas difficile de déduire que les restes de Scalebound se trouvent dans ce jeu. Les créatures du projet de Kamiya, maintenant abandonné il y a un lustre, y trouvent une seconde vie. Désormais, Bayonetta (le personnage) peut partir en comédie musicale à tout instant, effectuer une danse de la luxure et invoquer un kaiju que vous contrôlerez en parallèle, en prenant bien soin que l'invocatrice ne se fasse pas taper entre deux pas de danse sur place. Une idée rigolote sur le papier mais rudement bizarre, une étonnante rupture de rythme, où chaque coup met trois Mississipi à se charger.

La finesse, que l'on cultive lentement, du gameplay principal est prise en défaut. C'est, sans doute, l'intention, mais l'expérience n'en ressort pas particulièrement grandie, même si l'éventail d'invocations diversifie l'expérience de jeu. Et quand l'on joue Viola, l'expérience mute, et récompense cette fois les parades en lieu et place des esquives. Et soudainement, un jeu qui ne l'est pas du tout paraît un poil moins rigide - elle invoque ses démons et reste mobile. Une expérience rafraîchissante, mais courte, qui constitue un petit quart de l'ensemble.

On le sent, Bayonetta a du mal à canaliser une énergie un peu trop bordélique. Le fun est obéré par un gameplay beaucoup trop fragmenté et un sens du storytelling par toujours compatible avec le reste. Bayonetta navigue avec un équilibre précaire, jamais vraiment rompu, mais qui laisse les traces d'un jeu un tout petit peu plus fun : on le devine dans les autres épisodes. Le titre souffre des traces d'un projet parasite, mais fun et rythme demeurent - c'est Bayonetta, que diable - et si le jeu a la réputation d'être le moins bon parmi les trois, reste une porte ouverte à de plus vertes pâtures (un gameplay et une histoire plus concentrés).

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